Pensées

Écrire

Écrire d’après le CNRTL est défini par « tracer les signes qui représentent une langue », « rédiger une correspondance transmise par la poste ou par un autre moyen », « composer un ouvrage qui soit une création originale de l’esprit » ou encore « s’exprimer par écrit d’une certaine façon, dans une certaine forme, un certain style ». L’écriture est un médium permettant ainsi d’accomplir nombres d’actions et favorisent l’expression par le langage. Toutefois le monde actuel tend à nous limiter dans notre expression et nous empêche finalement de bien définir notre pensée. Car c’est de cela qu’il s’agit: une structuration de la pensée matérialisée à travers un moyen de comprendre celle-ci. Il y a souvent un début et une fin et par conséquent un cheminement qui est lisible, palpable. Néanmoins, revenons-en aux limitations de l’expression. C’est un élément dont j’avais déjà parlé avec les réseaux sociaux et Twitter plus particulièrement (voir mon article ici), auxquels nous pourrions y rajouter l’accélération de l’accès aux moyens de communication et également le fait que les gens lisent de moins en moins, ou tout du moins que leur temps d’attention ne cesse de se réduire. En tout cas il est clair que le spectre de l’écriture s’est réduit et qu’hormis les textes courts il sera souvent préféré des formats plus « stimulants » qui parviennent à garder l’attention du spectateur. Quelle-est, par conséquent la place de l’écriture aujourd’hui ? Quelle-est son utilité ? C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre.

Luxuriance linguistique, prédicat de l’écriture heuristique

Le vocabulaire français est extrêmement riche, si ce n’est le plus riche. Il existe moult moyens d’exprimer ce que nous souhaitons extérioriser et partager avec la possibilité de nuancer nos propos et de pouvoir lui donner une précision qui est capable de donner à chaque phrase un caractère unique. C’est en cela que le vocabulaire nous caractérise également car de notre façon de parler et d’écrire en découle une partie de nous-mêmes et donc notre personnalité. Dans ce but, il est intéressant de rechercher et connaître les mots car ils parviennent à transmettre le plus fidèlement ce que nous sommes réellement au même titre que la recherche et la connaissance même de ces mots est un marqueur de ce qui nous fait. En effet, tous ces éléments forment le soi et les allers-retours sans cesse entre la recherche continuelle finalement de nous-même et de l’expression de celle-ci nous élèvent et nous construisent. Mais nous y reviendrons plus loin.

Le moyen d’expression le plus utilisé reste évidemment le parler car c’est la manière la plus spontanée et la moins demandeuse en termes d’efforts dés lors que nous voulons exprimer notre idée. Il n’est pas nécessaire d’attendre pour avoir une réponse et cela permet d’avoir des échanges rapides et un partage de la pensée immédiat. Néanmoins, son inconvénient principal est le manque de prise de recul par rapport à ce qui est exprimé. En effet, si l’expression orale est immédiate, elle oblige son interlocuteur à devoir à la fois parler et réfléchir, ce qui obligatoirement amenuise nos capacités cognitives du fait d’une scission de la pensée entre l’action de parler et la réflexion de ce qui est et va être dit. L’expression de la pensée aura par conséquent des difficultés à être complète. Les nuances et la profondeur du propos auront de grandes probabilités d’être mises à mal et mèneront à des idées plus binaires qui pourront mener à de l’incompréhension de par le manque de précision manifesté. Et c’est en cela que l’expression orale a ses limites.

Écrire = Voyager dans le temps ?


Quand nous écrivons, et ce peu importe la nature, nous avons le pouvoir de nous relire. Cette relecture nous permet de naviguer à travers nos pensées venant d’être couchées sur un papier (ou désormais un support numérique) et de pouvoir être omniscient finalement sur les pensées que nous avons extériorisé. Flottant à l’intérieur de ce monde créé de nos mains, que cela soit une phrase, un long texte ou un roman, nous nous retrouvons à traverser le temps, notre temps, tel des voyageurs capables de se déplacer dans l’espace. Revenir en arrière, observer le présent et façonner le futur, voilà les portes que nous ouvre l’écriture.

Distorsion du temps par recul exploratoire

L’écriture de par son essence, est une mise en abyme de nous-même. Car ceci est le fruit de notre pensée, de notre réflexion. Que nous écrivions une vérité, une idée, un imaginaire ou un mensonge, cela représentera toujours une partie de nous-même, partie que nous sommes d’ailleurs le plus à même de reconnaître. Finalement, chaque mot que nous posons est une introspection que nous observons, que nous jugeons, que nous peaufinons à notre guise.

Et c’est en cela que l’écriture est un médium intéressant. Elle permet une prise de recul qui nous donne à même de croître et de nous élever par le biais de ce qui est un reflet de nous-même. Parce que oui, observer le soi mis à nu par les mots provenant de notre for intérieur nous amène à nous voir dans notre plus simple apparat. Notre idée s’exprime ainsi dans une pureté la rendant plus compréhensible et par conséquent plus assimilable et malléable. Ce que nous écrivons, nous le comprenons.

Multiplicité des chemins dans l’infinité aux limites du visible

L’écriture, c’est aussi l’exploration. Il est possible d’arpenter un nombre infini de voies de réflexion et cela peut emmener à évoquer des idées auxquelles nous n’aurions pas pensé du fait de la vision omnisciente que nous avons sur notre texte. A tout moment, les éléments s’imbriquent et nous donnent la totalité de l’œuvre que nous avons sous nos yeux. Cette décharge mentale très importante laisse le plein pouvoir à notre imaginaire. En étant sans cesse à la frontière de notre connaissance du réel, il peut arriver que nous passions de l’autre côté. L’inconnu qui devient connu. L’invisible qui devient visible. L’étincelle dans les ténèbres. Nous parvenons alors à créer un élément qui n’existait aucunement à nos yeux et atteignons un nouveau stade d’élévation.

L’écriture amène à une infinité de possibles.

Parenthèse de l’imaginaire

Notre imaginaire, parlons-en, est la provenance de notre réflexion. Car en définitive, le monde tel que nous le voyons, le sentons et l’entendons n’est que le fruit de l’image qui nous est transmise par nos organes sensoriels. Par conséquent, ce n’est pas le véritable réel que nous avons en tête mais le réel selon l’interprétation que nous avons eu de celle-ci. Prenons un exemple: la personne étant capable d’entendre de plus hautes fréquences est-elle plus proche du son réel que la personne qui ne les entend pas ? Nous voyons bien que cela est absurde et que cela n’a aucun sens. D’après l’Académie Française, « réel » signifie « qui est véritablement, effectivement, sans fiction ni figure ». Si nous en revenons à l’exemple et que nous nous basons sur la définition, la première personne est tout autant légitime que la deuxième à se dire que ce qu’elle a entendu correspond à la réalité. Et les deux auront raison. Pourtant, ils n’en ont au final pas la même représentation.



// Itachi Uchiwa dans Naruto

Tout le monde a ainsi sa propre vision du réel qui si elle a évidemment une proximité directe avec celle des autres, dépend de la sensibilité et les prédispositions de chacun, éléments jouant pour beaucoup dans la manière dont le monde va être vu et retranscrit.

Médium de l’omniscience relative

Définitivement, je vous conseille d’écrire. Concrètement, il n’y a aucune limite à ce qu’il est possible de créer au travers des mots. Tout le monde utilise l’outil de langage au quotidien, nous prédisposant automatiquement à ce médium de communication. Il est bien plus aisé d’écrire que de dessiner ou de jouer un instrument de musique. Il n’est pas dit ici qu’il ne faut pas un talent d’écriture pour pouvoir le faire brillamment mais nous avons tous baigné dedans depuis notre naissance et par conséquent nous pouvons tous à notre niveau commencer à écrire sans limites. Sans limites car hormis la précision des mots utilisés et notre potentiel créatif, nous avons tout pouvoir de créer le monde que nous désirons et de se déplacer à l’intérieur à loisir à la fois durant la cristallisation de celui-ci mais également à chaque lecture, lecture nous immergeant de l’univers ainsi matérialisé.

Il est vrai que nous pourrons chercher les mots qui correspondent le plus à nos idées néanmoins cela ne doit pas nous bloquer car l’essentiel n’est pas là. Parce que ce que nous exprimons principalement à travers l’écriture, c’est finalement nous-mêmes. Nos convictions, nos ambitions, nos contradictions, nos problèmes, tout cela transpire dans ce que nous écrivons et cela nous donne en fin de compte une connaissance sur soi loin d’être négligeable. Nous aurons beau écrire dans n’importe quel style: un SMS, un exposé, une note, un récit fantastique ou un article de journal, au final tout cela signifie quelque chose sur nous. L’écriture nous permet ainsi de savoir quelle personne nous sommes réellement et d’évoluer définitivement en tant que nous-mêmes.

Point d’achèvement

Ǝl Ԁsʎ Ɔouƃɹoo˙

Ԁlouƃǝz pɐus lǝ ɯᴉɹoᴉɹ pǝ ʌos éɔɹᴉʇs’ ʌons sɐnɹǝz bnᴉ ʌons êʇǝs˙

Plongez dans le miroir de vos écrits, vous saurez qui vous êtes.

El Psy Congroo.

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