J’ai toujours pensé que je parviendrais à me débrouiller par moi-même de par ma motivation à la limite de l’incandescence et une volonté de bien faire quotidiennement. C’était même une certitude pour moi. Mais au fil du temps qui passait, jour après jour, une vérité s’est mise à faire sens en moi alors que je me battais de toutes mes forces. Tandis que je continuais à avancer, j’ai fini par atteindre ce qui ressemblait à une limite. Jusqu’à aujourd’hui, j’avais toujours fonctionné instinctivement et jusqu’à il y a peu, cela m’avait réussi. Quelque part, le miracle avait toujours lieu. Il suffisait que je me donne à fond dans ce que j’avais à réaliser pour parvenir à un résultat. Pourtant, cette manière de faire, ce mode de pensée a fini par me mener tout droit vers une porte close. Devant elle, j’avais beau me débattre dans tous les sens, tenter des techniques différentes, faire les cents pas, il ne se passait rien. Aucun de mes agissements, aucune de mes réflexions ne parvenaient à ouvrir cette porte qui restait désespérément fermée. « Mais que faire alors? », me disais-je alors que la peur du vide me rongeait subitement de l’intérieur. Après un long moment à me perdre dans le flot incessant de mes réflexions et de la vie qui suit inlassablement son cours, j’avais fini par comprendre que je ne passerais pas cette porte avec mes propres moyens.
Depuis ? Comment ai-je réussi à surpasser cet obstacle ? J’ai fini par me rendre compte que tout seul, cela allait être compliqué de découvrir mes propres faiblesses. J’ai donc pris des cours avec des enseignants et je me suis peu à peu entouré de personnes qui ont élargi mon champ de possibilités. Cela n’a pas été facile de comprendre mes lacunes, mais finalement, les reconnaître, c’est le premier pas vers l’élévation, le premier pas vers la compréhension de nous-même. Et une fois que c’est fait, le chemin se réouvre à nouveau.
Trouver son chemin
Nous naissons tous incomplets et imparfaits. En effet, nous sommes à l’aube comme une page vide qui se remplirait à chacune de nos respirations. Et tous, nous avançons dans un cheminement qui est globalement assez semblable dans son début. Nous apprenons à manger, ramper, voir, toucher, observer, etc. Pourtant très vite, nos chemins bifurquent dans des directions somme toutes différentes. C’est le moment où nous prenons conscience de nous-même et que des idées commencent à alors émerger. Au fur et à mesure, une effervescence va se créer en nous. Nous allons expérimenter, trébucher, comprendre et assimiler sans cesse à une vitesse exponentielle. Peu à peu, nous grandissons et parvenons à interpréter ce que notre environnement nous communique et cela nous emmène ainsi vers une porte d’entrée. La porte d’entrée de la vie. A partir du moment où nous atteignons ce point de non-retour, tout devient plus compliqué. Chaque jour débouche sur des chemins de plus en plus complexes et ardus. Nous allons par conséquent nous tromper un nombre incalculable de fois au travers de tous ces embranchements et parfois nous retrouver extrêmement loin de là où nous aurions voulu être.
Néanmoins, et il ne faudra jamais l’oublier, il n’y a rien de rédhibitoire à cela. L’erreur est humaine et si celle-ci peut nous mener jusqu’aux tréfonds des ténèbres, de temps en temps même dans les abîmes du désespoir, il n’y a rien de rédhibitoire à cela. Évidemment, la difficulté de résolution de nos problèmes peut vite ressembler à une montagne insurmontable. Mais il n’y a rien d’insurmontable, sachez-le. Peut-être que cela prendra des jours, des mois, des années, peut-être une vie entière mais nous pourrons toujours surpasser les obstacles. C’est cela qui nous construit finalement, cette propension à pouvoir surmonter les épreuves que la vie nous donne. Et cette évolution de par les aspérités quotidiennes, c’est ce qui va créer ce que nous appelons notre personnalité.
Cette personnalité, c’est elle qui va conditionner nos affinités, nos goûts, notre caractère et nos idées, personnalité qui est d’ailleurs extrêmement influencée par notre environnement. Par exemple, si vous ne voyez personne d’autre que vous par exemple, il y a peu de chances que vous croyiez en l’existence de semblables parce que cela n’est pas apparu dans votre spectre de possibilités et donc par conséquent de développer des caractères comme, par exemple, la sociabilité. Malgré tout, je ne dirai pas que cela est impossible. Car il y a une fonction essentielle chez l’Homme dont nous n’avons pas parlé et celle-ci est aussi la plus imprévisible: il s’agit de notre imaginaire. Et de l’imaginaire provient l’inimaginable. L’incroyable. L’impensable. Une étincelle qui vient de nulle part. L’invisible qui devient visible. C’est pourquoi il y a une immense part d’incertitude dans l’évolution de la personnalité de chacun. De cet imaginaire va émerger les idées et les interprétations de chacun et celle-ci nous sera alors unique, propre à nous-même. Ainsi, personne ne peut savoir réellement le caractère vers lequel une personne pourrait tendre à travers ce qu’elle vit. C’est cela qui fait la complexité de l’Homme.
Limite atteinte
Une fois que nous avons tant bien que mal réussi à nous construire seul, que nous manque-t-il finalement ? De notre point de vue, n’aurons nous pas l’impression d’avoir atteint le maximum de nos capacités ? D’avoir fait le tour de ce que nous avions à savoir ? Tout à l’heure, je parlais de ce qui n’apparaissait pas dans notre spectre de possibilités. Et même si par miracle nous aurions pu découvrir nos lacunes par nous-mêmes, il est extrêmement difficile de prendre connaissance de nos manquements avec comme seule référence notre propre personne. Concrètement, avec ce seul référentiel, il est impossible, de qualifier nos actions comme qualitatives ou non. Du fait que nous nous basons sur notre unique expérience, nos actes et nos œuvres se retrouvent ainsi sous l’égide de notre unique regard et par conséquent la décision de qualifier nos actions en devient totalement arbitraire.
C’est pourquoi nous avons besoin des autres pour compléter la personne que nous sommes. Il faut nous confronter aux autres visions, de par leurs expériences et leurs environnements différents, pour pouvoir recouper avec la compréhension et les interprétations de chacun. En ayant des yeux qui finalement se complètent, nous parvenons à voir et à évoluer dans un périmètre beaucoup plus grand que si nous nous étions obstinés à vouloir tout découvrir par nous-même.
Et quand je parle de vision, je ne parle pas simplement de l’avis ou du conseil des autres Hommes. L’enseignement, dont j’ai parlé dans l’introduction, en fait partie. Tout comme la littérature, le cinéma, le théâtre et en réalité tout ce qui aurait été produit par un humain. Ils nous influencent et nous permettent de mieux voir au travers de nos propres décisions. Bien sûr, comme cela vient également de la main de l’Homme, cela peut être erroné mais en prenant du recul et de la profondeur, et le temps nous permettant de développer cette expérience, nous pouvons être capables de discerner ce qui peut nous élever et inversement.
La vision des autres est essentielle pour avancer.
C’est pourquoi l’avis et les réponses de tierces personnes deviennent dés lors primordiaux pour évoluer. Et quelque part, aujourd’hui, personne ne peut échapper à ce partage de vision, à moins de vivre sur une île déserte. Ce que nous lisons, ce que nous voyons, ce que nous entendons à chaque minute, à chaque seconde sont des partages de vision qui arrivent inlassablement à nous, qui nous influencent et par conséquent qui nous construisent.
Après la cime… La Lune
Evidemment, il est vrai que la confrontation avec la vision des autres personnes peut être difficile voire parfois blessante. Celle-ci peut également être injuste et ne pas être pertinente toutefois, la nécessité du point de vue de l’autre est telle que nous devons malgré cela aller la chercher. Néanmoins, il est clair que ce n’est pas possible avec tout le monde du fait de ce que j’ai pu dire plus haut et c’est pourquoi nous devons trouver ceux qui seront à même de nous guider dans notre quête d’élévation. Et cela est extrêmement compliqué car dépendant de nombreux paramètres différents pour chacun de nous. C’est un moment d’expérimentation qui peut être somme toute compliqué à vivre.
Il y a des expériences qui s’imposent à nous par exemple comme notre famille, nos professeurs ou nos camarades de classe. En général, c’est avec ces personnes que les frictions sont nombreuses car la cohabitation longue et forcée entre personnes vivant dans des environnements différents amène à des divergences d’idées et d’opinions. C’est également ici que les critiques sont le plus acerbes et le plus injustes car le choc entre les différentes personnalités est tel qu’il y a des oppositions pouvant aller jusqu’à la violence verbale voire physique car chacun est persuadé de son propre raisonnement, ou ne veut tout simplement pas avoir tort, et reste sur ses positions. Évidemment, l’avis de nos parents ou d’un professeur aura plus de probabilités d’être bienveillant mais ce n’est pas toujours le cas. Et nous le savons, un enfant est très sensible à l’injustice, ce qui peut amener à une forme de défiance qu’il peut être assez ardue à résoudre, cela pouvant être une source non-négligeable de troubles chez la personne.
Sinon, il y a également les expériences que nous choisissons, celles que nous pensons à même de nous appuyer et de nous pousser vers le sommet. Évidemment, cela peut venir des différentes catégories que j’ai pu citer plus haut. Mais généralement, et j’ai envie de dire humainement, nous tentons de nous rapprocher de personnes qui vont avoir des points communs avec nous afin que leur avis, même si pouvant être critique, soit finalement assez proche de nous. Et là également, des problèmes peuvent survenir. Car le besoin d’être avec des personnes qui nous ressemblent est un besoin vieux comme le monde et celui-ci peut mener les personnes entre elles à tout faire pour conserver leurs bonnes relations, quitte à enfouir leur véritable pensée au plus profond de leur être. Cela peut ainsi créer des liens totalement superficiels qui ne mènent absolument à rien hormis de vivre dans un faux positivisme voué tôt ou tard à l’autodestruction.
Effectivement, il est vrai qu’il semblerait pour l’instant que je n’ai dit que du mal de nos relations avec autrui alors que paradoxalement, j’en évoque le besoin. Pourtant, je pense qu’il est nécessaire de parler de ces déviances du fait que cela nous est ou va forcément nous arriver. Malgré tout, comme j’ai pu le dire plus haut, il n’y a rien de rédhibitoire. Évidemment qu’il y aura des confrontations entre des esprits qui se recherchent car nous ne sommes pas les seuls bien sûr à vouloir nous construire. Et ce n’est pas parce que nous sommes des adultes que cela va obligatoirement tout changer. Après tout, nous évoluons toute notre vie.
Néanmoins, si nous parvenons à nous sortir de là, nous serons transformés. Nous serons quelqu’un de totalement différent de celui que nous étions à l’entrée. Nous aurons atteint un palier que nous pourrions appeler la cime. En effet, la prise de recul sur ce que nous aurons accompli nous permettra de prendre conscience de tout ce que nous aurons vécu et du chemin qu’il nous reste à accomplir. Et toutes ces personnes que nous aurons rencontrés au fil du temps nous auront permis d’être propulsés au-delà de tout. Ce n’est définitivement pas un processus facile mais une fois que nous en serons arrivés là, il ne nous restera plus qu’à aller chercher la Lune.
Conclusion
Ce que personne n’a pu réussir auparavant, c’est à nous d’aller le prendre. Poussés au-delà de la gravité par toutes ces mains tendues et la lueur de la Lune nous guidant, il ne nous reste plus qu’à nous laisser porter vers l’horizon de nos propres limites et de le dépasser. Afin de découvrir notre univers, afin de nous découvrir nous-même.