Pensées

Influencer

Nous parlons souvent d’influenceurs par rapport aux réseaux sociaux, de ces personnes possédant une communauté sur laquelle ils ont un pouvoir non-négligeable, celui d’être écouté et par conséquent d’instaurer une certaine part de confiance de la part de son public. Concrètement, chaque mot, chaque phrase, chaque parole sera plus à même de toucher profondément la personne. Concrètement, cela peut ainsi mener à de drastiques changements d’opinion chez la personne. Certaines d’entre eux vont avoir plus confiance en ces influenceurs qu’en leur entourage. Certaines d’entre eux vont avoir une confiance aveugle en ces influenceurs. Et évidemment, je ne dis pas qu’il n’y a pas des influenceurs dignes de confiance. Un physicien avec des diplômes s’exprimant sur la physique inspirera plus confiance auprès de son public qu’un agriculteur parlant d’informatique, par exemple. Néanmoins, même un diplôme peut parfois tromper son monde tandis qu’un autodidacte complet pourrait être tout à fait légitime à s’exprimer sur son sujet. Enfin, tout cela pour nous rappeler qu’il y a une caractéristique propre à l’Homme qui nous permet de faire le tri et qui nous est indispensable: c’est le jugement. Et nous le savons tous, cela peut-être difficile de l’appliquer dans chaque situation de nos vies. Parfois, nous avons juste envie d’avoir confiance en l’interlocuteur devant nous. Et c’est vrai, cela devrait être normal d’agir comme cela. Toutefois comme nous le savons, l’Homme est incomplet, l’Homme est corrompu, l’Homme est influencé par ce qu’il voit et entend. Il est donc nécessaire de prendre du recul.

Par ailleurs, nous pouvons pourvoir le mot « influenceur » d’un deuxième sens qui n’est autre que son sens originel. « Influenceur », qui est donc tiré du verbe « influencer » correspondrait à quelqu’un réalisant une « action intellectuelle ou morale qui s’exerce sur une personne ou un groupe ».

Par cette double définition, je voulais ainsi souligner que nous sommes en fait tous des influenceurs. Pas à la même échelle que nos influenceurs de réseaux sociaux, certes. Néanmoins, nous avons des personnes qui sont prêtes à nous écouter et pour lesquelles nous inspirons confiance. Ce que nous exprimons et également ce que nous n’exprimons pas, les stories que nous publions, les photos que nous partageons, tout ceci a une influence plus ou moins grande chez ceux qui nous écoutent et nous regardent. Et cette influence peut être égale à celle de n’importe quel influenceur de réseaux. Si ce n’est plus, puisque la logique veut que les gens les plus proches de nous sont généralement ceux en qui nous avons le plus confiance et vice-versa.

Pourquoi influençons-nous ? Et pourquoi cela est important ? Quid des réseaux sociaux ? Nous allons tenter de répondre.

Problème d’égo

Une des raisons de notre besoin d’influencer qui a été exacerbée au travers des réseaux sociaux est le besoin de cette mise en lumière par rapport aux autres. En effet, être écouté, c’est être mis en avant, c’est être le centre, c’est être le point d’attention. Cela peut par conséquent plaire, toutefois ce n’est malheureusement pas pour des raisons très louables. L’égo, la chair, voilà ce qui peut être nourri par cette envie malsaine. Parce qu’il ne faut pas se leurrer. Cela a évidemment des effets néfastes sur nous-mêmes et peut nous mener à un changement radical de comportement.

Jusqu’où pourriez-vous aller pour chercher de l’attention ?

Dés lors que nous avons ce besoin d’attention en nous, nous allons vouloir le rechercher, et cela peut aller bien au-delà du raisonnable. Narcissisme, mensonges, exagérations, surexposition, prises de parole excessive et même actions préméditées sont entre autres des actes qui vont peu à peu faire de nous des prisonniers d’une case dont il est compliqué de sortir.

L’exemple des réseaux sociaux

Nous n’allons plus partager un contenu sur les réseaux parce que nous le trouvons intéressant (drôle, instructif, mystérieux, etc) mais parce que nous voulons être intéressant. Cela immisce insidieusement en nous, une volonté à partager des contenus suscitant la réaction et cela aura pour conséquence de nous transformer radicalement. En effet, ce ne sera plus notre véritable nous-même qui sera exposé puisque cela n’est plus notre but premier mais ce sera un nous différent et finalement, déformé. Nous entrons par conséquent dans une case ne nous correspondant pas à l’origine dans le but de répondre à notre besoin insatiable d’attention. Et pourtant. Pourtant, nous le savons. C’est un désir totalement futile. Toutefois, l’importance que cela semble nous donner, la validation par nos pairs et au final, toute cette positivité superficielle, nourrit suffisamment notre cœur pour que nous ayons cette perpétuelle envie de recommencer.
Recommencer et recommencer. Recommencer jusqu’à l’addiction et des comportements de plus en plus aberrants.

Personnellement, je me pose toujours la question quand je vais publier un contenu sur les réseaux sociaux: pourquoi ? Pourquoi vais-je poster ce contenu ? Est-ce pour les autres ou pour moi-même que je partage ? Je ne peux pas m’empêcher de me remettre en question et de douter au moment d’appuyer sur le bouton « partager ». Parce que personne n’est à l’abri de cette machine capable de nous transformer à coup de « likes ». Ni les autres, ni vous, ni moi. Nous y sommes tous vulnérables car les réseaux sociaux ont été construits ainsi.

Il est vrai que parfois, j’ai la sensation d’avoir dépassé les limites. D’être passé de l’autre côté. Celui de ceux qui recherchent l’approbation. Celui de ceux qui se créent une personnalité de toute pièce. Celui de ceux qui recherchent l’attention. Mais ce n’est définitivement pas ce que je veux. Moi, je veux combattre cela.

Mêmes problèmes dans le réel

Par ailleurs, ce n’est pas parce que nous parlons des réseaux sociaux que le problème n’a pas lieu dans la vie réelle. Les réseaux sociaux ont exacerbé le phénomène néanmoins les mécanismes restent les mêmes. Nous pouvons vouloir cette approbation, chercher à être au centre, etc. Et s’il n’y a pas de matérialisation comme les « likes », cela peut produire le même effet en nous, les réseaux sociaux n’étant que le paroxysme de ce phénomène. C’est son utilisation quotidienne entraînant une surexposition qui nous a mené à un danger autrement plus grand dans le désir de l’attention.

Comment « bien » influencer alors ?

Il est tout d’abord nécessaire de développer une résilience à ce désir charnel. Il est vrai que personne ne déteste les compliments ou n’apprécie pas d’être juste écouté. Néanmoins, ce n’est pas quelque chose que nous devrions rechercher en tout temps. Cela ne devrait pas même être un but tout court. Et c’est vrai. Nous pouvons être capables de relativiser, nous pouvons reconnaître la superficialité de ce positivisme exacerbé que nous recevons et qui omet notre part d’ombre et malgré tout, notre humanité ne la rend pas toujours systématique. Et la vérité, c’est que ce n’est pas anormal. Comme dit au début, nous n’allons pas nous méfier de chaque parole, chaque message, chaque image qui nous parvient au cerveau. Et c’est logique, parce que je pense que chacun de nous a envie d’avoir confiance en autrui. Toutefois, cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir et de nous rendre compte que certaines paroles vont nourrir notre égo et uniquement notre égo. Posons nous la question lorsque nous recevons des compliments: est-ce que cela nous fait réellement du bien ou est-ce que cela ne nous apporte qu’un plaisir futile et éphémère ? Parce qu’entendons nous bien. Évidemment qu’un compliment peut tout à fait être important dans notre construction. Cela peut nous montrer la voie à suivre ou le chemin déjà parcouru et participer à notre évolution, ce qui est louable. Pourtant, cela peut aussi être vecteur, comme j’en ai déjà parlé plus haut, d’une spirale de l’égoïsme dans laquelle nous nous entraînerions sans cesse. Il faut donc faire preuve de jugement et avoir une réflexion profonde sur la véracité de ce que cela nous apporte. Et une fois ceci compris, nous pourrions commencer à « influencer » sainement.

Qu’est ce qui nous est réellement utile ?

Parce que nous sommes tous des influenceurs, je l’ai déjà dit. Et à partir du moment où des gens vont nous écouter, nous voir, nous suivre sur les réseaux sociaux ou regarder nos différentes publications, nous ne sommes aucunement différents d’un influenceur à plusieurs millions d’abonnés car ces personnes qui nous suivent plus ou moins assidûment ont forcément un intérêt pour nous. Toutes ces choses que nous montrons sont susceptibles de les influencer, que nous en ayons conscience ou non. C’est pourquoi il est important de réfléchir à la portée de ce que nous exposons ainsi que les conséquences possibles sur notre entourage. Parce que nous pouvons penser que nous n’entraînerons pas quelqu’un dans l’erreur mais cette inconscience nous empêche justement de nous remettre en question. Un « selfie », par exemple, peut être un symbole d’acceptation de soi comme il peut être la cristallisation de notre égo. Néanmoins, ne pas se poser la question du pourquoi sérieusement est équivalent à une stagnation dans notre ignorance dont le risque est de faire chuter avec nous tous ces yeux nous observant. Peut-être que nous ne préférons pas savoir après tout… Je vous laisse faire votre propre introspection là-dessus. Toujours est-il que cet immobilisme va tôt ou tard mener tous ces observateurs ainsi que nous-même dans la mauvaise direction. Nous avons par conséquent une certaine responsabilité de par cette influence que nous dégageons quotidiennement, malgré nous. D’un enfant de quatre ans, naïf et croyant tout ce qui lui est dit à des personnes âgées capables de prendre toute information sur le web comme vérité en passant par nos amis proches nous faisant confiance, toutes ces personnes sont susceptibles de nous croire sur parole et ainsi d’être influencés par ce que nous exprimons.

Conclusion

Finalement, nous sommes des influenceurs, que nous le veuillons ou non. A moins que nous ne vivions seul sur une île, il n’y a aucun moyen d’y échapper, nous finirons toujours à un moment par toucher le cœur des gens. C’est pourquoi il faut s’y préparer. Personnellement, je ne pense pas que ce soit un poids pour nos vies d’avoir un tel mode de pensée. Penser à l’image que nous véhiculons tout en restant nous-même, il est vrai que c’est extrêmement difficile à accomplir. Cela demande une remise en question permanente de nos actes et de leurs conséquences tout en prenant du recul sur chaque situation. Et évidemment que nous allons nous tromper sans cesse. Évidemment que nous allons mener des personnes sur le mauvais chemin, parfois de manière irréparable. Évidemment qu’après coup, nous aurions peut être voulu faire autrement. Toutefois, c’est le propre de l’Homme que d’avancer par empirisme et il est futile que de culpabiliser pour ce qui est passé. En prenant conscience justement de ce que nous pensons mauvais, nous sommes déjà devenus une nouvelle personne. « Que faire maintenant ? ». Voilà la question que nous devrions nous poser après avoir pris du recul. Parce que se morfondre dans un passé qui est déjà écrit, c’est oublier que le futur peut toujours être changé. Il faut l’accepter et vivre le présent comme une vision à la croisée des chemins. Parce que nous sommes omniscients sur nous-même. Parce que nous sommes avant tout notre première influence.

Laisse-toi guider.

La vie est un flux.

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