Série Animation

The Ancient Magus Bride

J’ai beaucoup aimé The Ancient Magus Bride. Pourtant, ce n’est peut-être pas pour l’élément qui semble le plus évident, à savoir la relation entre Chise et Elias. Non, ce n’est pas cela qui m’a le plus intéressé car même si elle n’est pas dénuée d’intérêt, il s’avère tout de même qu’une lassitude s’est installée en moi à voir finalement certains mécanismes de leur relation se répéter. Et c’est vrai qu’installer une relation d’amour en vingt-trois épisodes, cela paraît parfois long. Le début est intéressant avec la découverte, l’achat de Chise et la franchise que semble avoir Elias en annonçant directement son intention d’en faire sa femme. Par la suite, leur relation s’enlise et tombe parfois dans une niaiserie qui est assez dommageable de mon point de vue. Non pas que j’ai une haine contre la niaiserie mais son excès dans la série plonge leur relation dans une mièvrerie qui, pour ma part, m’a un peu rebuté. Elias finit d’ailleurs par être un des personnages les moins intéressants, passant totalement au second plan, écrasé par la personnalité peu à peu devenue avenante de Chise. Cette dernière, timide au début se libère au fil des épisodes et devient un des personnages forts de la série.

Graphiquement, l’œuvre parvient à parfaitement retranscrire l’univers à travers des paysages souvent sublimées par cet volonté de montrer l’immensité qu’il est possible d’avoir à travers les contrées lointaines de la Grande-Bretagne. Toutefois, sa véritable force se situe clairement dans les représentations moins réalistes de l’univers. En effet, celles-ci parviennent à décrire l’aspect chimérique avec une vision poétique de l’image et soulignent son imaginaire dans une impressionnante intensité.

L’imaginaire est parfaitement retranscrit.

Car il faut le dire mais si les petites histoires sont plutôt intéressantes, notamment le couple qui subsistait sous forme spirituelle dans le lac avec sa fin dans un champ de fleurs bleues que j’ai trouvé excellente (voir l’image ci-dessus), l’intérêt principal de l’histoire réside dans l’histoire de Joseph.

Joseph est un personnage particulièrement intéressant parce qu’il est un homme qui a obtenu l’immortalité. Mais cette obtention a un prix. En conséquence, ce dernier se décompose perpétuellement et subit une souffrance extrême à chaque seconde de sa vie. Sa vie n’est que souffrance et et elle est telle qu’il ne parvient plus à la voir chez les autres. C’est pourquoi il ne parvient plus à ressentir de véritables émotions car seule la douleur subsiste en lui avec la volonté permanente d’y échapper pourtant, lui-même ne sait plus vraiment pourquoi il devrait vivre.

Le plus intéressant se situe par ailleurs dans la dualité qu’il y a entre Chise et Joseph. Car les deux ont souffert à leur échelle mais cette souffrance les a amené à progressivement se refermer sur eux-mêmes et à en omettre toute vie extérieure autour d’eux. Leur vie n’avait plus aucun sens mais aucun des deux n’avait eu la force de se suicider. Joseph était immortel et l’envie de fuir cette souffrance infernale était plus forte que tout tandis que Chise a préféré se vendre afin de donner sa vie à quelqu’un qui pourrait en faire quelque chose.

Joseph et Chise.

Et c’est pour cela que durant toute la série, il y a une impression étrange entre les deux. Joseph a d’ailleurs souvent martelé qu’il détestait Chise néanmoins il n’est pas parvenu à savoir pourquoi. C’est en fait une compréhension mutuelle qui va créer ce malaise, et encore plus après que Chise ait plongé dans la mémoire de Joseph. Malgré tout, cela a amené Chise à vouloir sauver Joseph. Oui, il a accompli des actions atroces. Oui, il a beaucoup de sang sur les mains. Et oui, il n’a jamais eu de peine pour ses victimes. Pourtant, elle l’a pardonné, et comprise.

La scène finale avec Chise enlaçant Joseph m’a particulièrement touché car cette scène emmène Joseph à continuer à vivre et à voir sa vie au-delà finalement de la souffrance qu’il a vécue. J’ai presque eu l’impression de retrouver son côté enfantin lors de la dernière scène où il converse avec Œil de Cendre durant laquelle il traite Chise de « tarée » pourtant le fait de rester dans son lit et de continuer à être soigné par elle donne de l’ironie par contradiction justement à ses dires. Comme un remerciement, son sommeil prévu de cent ans semble être un véritable soulagement pour lui et je dois dire que même si tout au long de l’aventure, Joseph a commis des atrocités, je ne peux m’empêcher d’éprouver de la compassion pour ce personnage qui n’est ni blanc ni noir mais qui est le fruit qu’engendre une souffrance totale.

Pardonner.

Sommes-nous capables de pardonner? Parfois, cela semble impossible. Et pourtant, personne dans ce monde n’est parfait. C’est pourquoi cela demande une véritable force et une immense capacité à relativiser afin de pardonner à quiconque. Chise est la cristallisation de ce message et elle est le personnage qui quelque part nous ressemble le plus. Faible mais combattive, elle parvient par la force de sa volonté à surmonter les obstacles et tendre la main à ceux qui en ont réellement besoin en dépit de ses propres manquements.

Le monde est souvent plus complexe qu’il n’en a l’air. Ni noir, ni blanc mais empli de nuances, son observation s’apparente à une vision infinie dont nous n’arriverons jamais à en obtenir toutes les facettes. Et l’Homme fait partie intégrante de cet univers.

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