ALERTE SPOILS.
Le ping-pong ne semble pas de prime abord le sport le plus attirant, le plus étincelant. Difficile alors d’en faire une œuvre qui parviendrait à transcender ce sport. Et pourtant, j’ai trouvé Ping-Pong incroyable. Comment une série de onze épisodes parvient-elle à dépasser le périmètre d’une table pour venir nous offrir une joie si intense ?
Pas dans la main mais dans le cœur
Tout est mis en place depuis le premier épisode jusqu’au dernier pour venir nous chercher dans notre cœur, là où les émotions agissent. L’animation très travaillée vient soutenir cette mise en œuvre afin de donner une intensité, une sensibilité à chaque pas, à chaque mouvement qui est réalisé. Masaaki Yuasa que j’ai connu avec « Devilman Crybaby » et « Keep your hands off Eizouken » a un style très particulier, très fluide. Quitte à déformer, quitte à saturer, le but est toujours de représenter une émotion à travers le mouvement. Non, Masaaki Yuasa ne fait pas dans le réalisme, ses différentes œuvres le montrent bien. Par contre, le dessin est mis au service du sentiment, de l’exaltation au calme en passant par le doute, la colère. Et quoiqu’il peut en être dit, les émotions sont bien là, pas seulement en nous mais aussi au travers de chaque personnage.
Car il faut le dire ici, chaque personnage est très bien développé. Leur jeu, leurs ambitions, leurs émotions, leurs victoires, leurs défaites, l’œuvre parvient à nous présenter le quotidien et les problématiques somme toutes différentes de chaque protagoniste et ceci d’une manière naturelle et non manichéenne qui nous amène ainsi à apprécier tout le monde. Il n’y a aucun personnage détestable mais seulement des personnes en quête d’un but dans leur vie.
Pas que du ping-pong
Si Ping-pong ne parlait seulement que de ping-pong, il est probable que l’œuvre aurait moins touchée, qu’elle aurait été plus classique, plus proche assurément d’un « shônen ». Et c’est d’ailleurs en cela que Ping-Pong se démarque car le point de vue est finalement assez proche de ce qui se passe véritablement dans la réalité. Bien sûr, il faut tout donner pour arriver au sommet. Bien sûr, il y a la réussite du meilleur. Néanmoins, il y a aussi l’autre côté. Ceux qui croyaient en ce rêve mais que la réalité frappe. Ceux qui se perdent alors qu’ils touchaient ce rêve du doigt. Ceux dont l’ambition n’est pas d’aller jusqu’au bout. Il y a bien des personnes dans ce monde et finalement chacun a ses propres envies, ses propres désirs. « Je veux être le meilleur » est loin d’avoir la même signification pour chacun et c’est bien ce qui est représenté à travers cette œuvre.
La fin est d’ailleurs très représentative de cette réalité. Seuls Hoshino et Wenga parviennent à réaliser leur rêve de devenir pongiste au niveau mondial. Pourtant est-ce un échec pour les autres ? Ce n’est pas du tout ce que nous ressentons après avoir regardé les onze épisodes. C’en est même très loin. Dans la vie, tout le monde suit un chemin qui est différent afin de trouver l’ultime réjouissance. C’est pourquoi nous ne pouvons pas tous embrasser le même rêve. La vie ne s’arrête pas à un objectif que nous nous étions donnés. La prise de recul, additionnée à l’expérience que nous avons obtenu nous permet de trouver une voie qui peut-être totalement différente de celle que nous pensions, et pourtant celle-ci nous emmènera incommensurablement plus loin que si nous nous étions obstinés dans une voie sans issue.
Tous les protagonistes de Ping-Pong étincèlent à leur manière et c’est en cela que nous nous découvrons une certaine joie en les voyant évoluer. Tous sont incontestablement forts dés le premier épisode, mais après avoir vu le dernier épisode, nous nous rendons compte que tous, en réalité, sont faibles. Ils ont tous leur fragilités, leurs défauts et leurs limites et ce qui va finalement être leur plus grande force, c’est tout simplement de s’en rendre compte. Ils acceptent leurs faiblesses et se relèvent pour avancer avec et le résultat de cette abnégation, de cette volonté est qu’ils se mettent à briller encore plus qu’auparavant.
Ayez des rêves
Voilà ce que veut nous montrer Ping-Pong. C’est une œuvre pleine d’amour qui représente la multitude de chemins possibles dans nos vies. Le rêve que nous nous étions donnés est parfois le fruit de l’environnement dans lequel nous vivons. Et c’est cela la vie, nous évoluons, nous grandissons et un jour, nous nous rendons compte que ce rêve que nous avions n’est en fait pas le notre. Ce moment difficile n’est assurément pas la fin mais le début de notre histoire. Il n’en tient qu’à nous de nous en rendre compte et de partir à la recherche de notre véritable rêve.